06/10/2010

Bart et les sept petits pas de nains...

On s'en doutait : notre microcosme politique ne tourne plus du tout rond...
Notre ami BDW s'est approprié la zappette, et s'amuse régulièrement à appuyer sur le bouton 'off'. Faut croire que ça l'amuse de tenir ainsi le pays entier par les c.... Bart semble devenir le spécialiste du 'maintenant, stop' : je claque la porte, j'interromps les négociations, je fais en gros comme je le sens et si on est pas d'accord avec moi et bien tant pis...
Ceci n'empêche pas le pays d'être gouverné et, même, d'organiser des événements aussi prestigieux que le sommet Europe-Asie. Soit...


Mais au-delà, ce qui semble énerver BDW, c'est qu'apparemment les francophones ne vont pas assez loin. Lui, il voudrait que toute la fiscalité (IPP) soit régionalisée et ne supporte pas qu'on ne puisse pas voir les choses sous le même angle du côté francophone.Ceci dit lorsqu'on parle de prélèvement de l'IPP sur le lieu de travail (ce qui permettrait à Bruxelles de retrouver un niveau de financement digne de son rang), là il est aux abonnés absents...  
Alors donc, il appuie sur la 'zappette' en se disant que le moment est peut-être venu de remettre les libéraux en selle... Et les francophones ne cessent de parler de plan "B" et de l'inéluctable scission du pays voulue par la Flandre nationaliste.


Pour désamorcer cette bombe, voici les raisons qui devraient pousser nos voisins de Flandre à y réfléchir à 2 fois avant de se lancer dans une option séparatiste... 
De la situation actuelle à la partition du pays, il n'y aurait que 7 petits pas (de nain) à franchir... Mais attention, les lendemains de veille pourraient s'avérer douloureux pour la Flandre ! C'est la raison pour laquelle il serait grand temps qu'on cesse d'agiter les caliquots de scission du pays : elle n'aura pas lieu ! La Flandre a beaucoup trop à perdre dans l'aventure...


1. "de vergrijzing"
La Flandre vieillit. Elle vieillit même plus vite que le reste du pays, ce qui se traduit par une augmentation des dépenses de soins de santé et des retraites. Même si dans un premier temps, la Flandre disposera sans doute des moyens de constituer très rapidement des réserves, le problème des retraites reste posé. Ce n'est pas pour rien que dans les négociations actuelles, on a envisagé la régionalisation des allocations familiales... et pas celle des pensions (au désavantage de la Flandre)...Selon une étude récente de Dexia en Flandre, le pourcentage de pensionnés par rapport à la population totale est de 18,4 %. Dans la région bruxelloise, le pourcentage moyen de pensionnés est 14,4 %, compte tenu de la structure plus jeune de la population. C’est en Wallonie (17,5%) que l'on se rapproche le plus de la moyenne nationale (17,3 %).


2. de ekonomische "voorsprong"
On le voit, la situation autrefois florissante de la Flandre sur le plan économique pourrait s'inverser assez rapidement... Aujourd'hui, c'est en Wallonie que Google investit... et c'est en Flandre que General Motors ferme son usine. Soutenu par une nouvelle ambition, un  plan de redéploiement (Marshall I et II) et des espaces disponibles (bureaux, zonings, ...), la Wallonie semble reprendre du poil de la bête.
A l'inverse, on sent que la Flandre s'essouffle. Il y a eu plus de jours de grève en Flandre qu'en Wallonie au cours des 3 dernières années... Le supposé avantage économique n'est donc pas définitif. Après tout, jusque dans les années 60 et depuis 1830, c'est l'industrie wallonne qui tirait le pays... Les Flamands ont parfois tendance à oublier qu'un des grands principes économiques, c'est l'existence des cycles conjoncturels...


3. "Brussel"
Il est évident que Bruxelles constitue le problème et la solution. La Flandre n'est pas prête à abandonner la poule aux oeufs d'or bruxelloise, mais n'est pas plus prête à faire la moindre concession pour permettre son émancipation fiscale et politique, en dehors du principe de co-gestion voulu par la NVa. Il est a noté que depuis quelques semaines, plusieurs politiques francophones, et non des moindres, ont entamé un discours sur l'air de "Bruxelles, région comme les autres". Pascal Smet envisage même à présent de confier une partie de la gestion de l'enseignement à Bruxelles à la Région; mais Pascal Smet peut changer d'avis très vite :-)...
Toujours est-il que sans solution pour Bruxelles, on voit mal la Flandre faire cavalier seul... Et on voit difficilement comment elle pourrait imposer unilatéralement ses choix à une région souveraine sur le plan constitutionnel (article 3 de la Constitution) et à sa population dont un sondage récent a encore montré son attachement à l'identité bruxelloise, au-delà des clivages stériles communautaires et linguistiques.


4.  "Europa en de internationale herkenning"
L'Europe ne voit pas d'un bon oeil les velléités séparatistes de la Flandre. Paris, Madrid ou Londres craignent que cela ne donne des ailes aux Basques, Catalans, Corses, Bretons, Ecossais... Et on ne parle même pas des Nordistes Italiens, associés au gouvernement Berlusconi, pour qui l'exemple flamand est du pain béni...
Si la scission intervient, cela signifiera pour la Flandre de se faire reconnaître au sein de toutes les institutions supranationales (EU, ONU, OCDE, zone Euro etc...). Ca risque de ne pas se faire tout seul... On doute que BDW est déjà tenté quoi que ce soit à ce niveau, ne fût-ce que pour jauger de la volonté de ces instances à reconnaître la future république de Flandre...


5. "de fiscaliteit en belastingsvoorheffing"
En cas de scission du pays, les entités 'rémanentes' (Wallonie et Bruxelles) n'auraient en terme de fiscalité qu'une seule approche possible, le prélèvement de l'impôt des non-résidents (flamands) travaillant sur leur territoire.
Ceci représenterait un manque à gagner de l'ordre de 16 milliards d'euros par an pour la Flandre...
Le réservoir d'emplois présent à Bruxelles ne va pas s'évaporer comme par magie vers le Nord du pays (au nom de  quoi ?) et les quelques 300.000 navetteurs qui viennent quotidiennement gagner leur croûte à Bruxelles continueraient à le faire, en traversant la "frontière".


6. "de overheidschuld"
Notre dette publique représentera en 2010 102 % de notre PIB, soit la bagatelle de 345 milliards d'euros.
La crise économique a aggravé notre déficit public. En cas de scission du pays, cette dette devra être répartie entre la Flandre, la Wallonie et Bruxelles. Et, quelle que soit la clé de répartition choisie, elle fera peser sur la Flandre la charge la plus importante. Historiquement, si l’on regarde ce qui s’est passé pour des pays comme la Tchéquie et de la Slovaquie récemment, ou pour la Belgique en 1830, c’est le critère des recettes d’impôts qui a servi de base à la répartition de la dette publique.  La Flandre devrait alors prendre à sa charge environ 63 % de l’ancienne dette publique belge. Soit 219 milliards d’euros, 110 % du PIB flamand !
De plus cette scission entraînerait également une augmentation du risque de défaut perçu par les marchés financiers et donc une augmentation de la charge d'intérêt du financement public, largement dépendant de l'emprunt.
Si on rajoute à cela le vieillissement de la population plus rapide en Flandre, qui entraînera une augmentation des soins de santé et du coût des retraites, l'équation budgétaire risque d'être insoluble pour le nouvel état flamand...


7. "de vlaamse bevolking opinie"
Certes, on a beau se dire qu'ils sont très nombreux à voter pour des partis séparatistes, voire extrême (on rappelle : NVa + LDD + VB = 40 % des votes en Flandre...), il y a fort à parier que beaucoup de citoyens flamands ne souhaitent pas se retrouver brusquement sans Belgique. Certes, à force de leur dépeindre une Wallonie corrompue et fainéante, ils ont fini par croire que c'était totalement fondé. Qu'il fallait sans doute se détacher au plus vite de cette fange wallonne qui embourbe les roues de la Flandre. Mais sont-ils pour autant conscients de ce que signifie une scission du pays ? Sont-ils prêts à renoncer à ce que la Belgique porte encore comme valeur commune ? Rien n'est moins sûr. De récents sondages montrent d'ailleurs qu'une grande partie de la population flamande demande juste plus d'autonomie, pas la fin du pays...