10/08/2011

Brigitte Grouwels, une anomalie démocratique bruxelloise. Brigitte Grouwels, een brusselse democratische anomalie.

De vlaamse leeuw op haar best : grrrrr.... 
Mevrouw Grouwels, u zou toch eens aandachtig moeten nadenken... Nadenken over wat "Minister van de Brusselse Regio" zijn effectief betekent. Als Brusselse Minister, is uw plicht alle Brusselaars, onafhankelijk gezien van hun taal of communautaire afkomst, te vertegenwoordigen. Maar, door uw taalrijke acties, verklaringen, politieke initiatieven, gedraagt u zich niet meer als Brusselaar, maar wel als vertegenwoordiger van één gemeenschap, en neemt u standpunten die Brussel verzwakken.
Dit is nu genoeg, dit moet nu stoppen. Dit moeten wij als Brusselse bewoners - franstallige of nederlandstalige of gelijk welke onze taal is - met de sterkste hand weigeren. Democratie is niet alleen maar verkozen worden, het is ook respect ten opzichte van de bevolking, "listening skills" en empathie tonen.
Uw aanwezigheid binnen onze regionale regering krijgt geen legitimiteit meer, anders dan een particratische verdeling, wegens een institutioneel evenwicht dat meer dan voldoende rechten aan de vlaamstalige brusselaars garandeert. 
Brigitte Grouwels est "Brussels minister van openbare werken en vervoer, informatica en haven van Brussel". Ces compétences, quelque peu disparates, touchent néanmoins directement à la vie quotidienne de tous les Bruxellois, notamment au travers de l'urbanisme dans la Région et des transports.
C'est à ce titre notamment que Madame Grouwels a pris un certain nombre de décisions concernant le dossier de l'Avenue du Port, décisions largement contestées non seulement par la société civile, mais par un certain nombre d'institutions bruxelloises (IBGE,...). Je vous renvoie pour ce dossier au site avenueduport.be ainsi qu'à leur page Facebook correspondante et je vous invite à soutenir cette initiative ainsi qu'à signer la pétition présente sur leur site. Il n'est pas trop tard pour s'opposer à ce projet absurde et coûteux !
Ce dossier ayant déjà été relayé par de nombreuses personnalités (citons notamment Jacques Mercier, dont vous trouverez l'excellent billet d'humeur à ce sujet ici), je ne m'y attarde pas.
Mais il est particulièrement utile pour analyser le comportement politique de Brigitte Grouwels est ses conséquences néfastes pour notre Région.
Le dossier de l'avenue du Port ne traduit qu'une seule volonté : celle de faciliter par la force, à coup de bulldozer, l'accès au centre de Bruxelles des navetteurs en provenance du Brabant flamand (via l'axe A12-Palais de Laken-canal). Il n'est nullement positif pour les Bruxellois qui vont se voir dépecer de leurs arbres, de leurs pavés au profit d'une nouvelle autoroute urbaine. Pour le dire de manière crue, ce projet ne profite qu'aux seuls habitants de Flandre qui travaille à Bruxelles. Mais pas un seul euro ne sortira de leur poche pour financer ce projet absurde (12 millions d'EUR !), qui sera supporté par les seuls contribuables bruxellois... Et pendant ce temps, nous avons à Bruxelles, besoin de logements et de vraies solutions de mobilité urbaine, Madame Grouwels, pas de routes supplémentaires qui ne font qu'augmenter la pression routière et les embouteillages ! Et des alternatives existent pourtant bel et bien...
Brigitte Grouwels a été élue aux dernières élections régionales de 2009 avec 2245 voix, soit 0,48% du corps électoral bruxellois. Les institutions bruxelloises et le code électoral attribuant aux néerlandophones à Bruxelles une forte représentation (pour rappel, 17 députés néerlandophones sur 89 au parlement bruxellois et une parité (3+3) dans la répartition des portefeuilles ministériels. Cette très large sur-représentation du corps électoral néerlandophone à Bruxelles, garanti par la loi et que personne ne remets en cause à l'heure actuelle, est connue de Madame Grouwels, qui ne cesse cependant de critiquer la Région Bruxelloise pour clâmer haut et fort que les droits des Flamands y sont en danger...


Depuis des années, Brigitte Grouwels ne se comporte pas en élue bruxelloise, mais en élue flamande et ne milite que pour l'accroissement des droits et une forme d'apartheid au seul profit de sa communauté linguistique. Ce faisant, elle ne cesse de fouler aux pieds le principe même sur lequel repose la Région Bruxelloise, à savoir une région BILINGUE où les droits de la minorité néerlandophone sont garantis, voire sur-garantis...
Les prises de positions de Brigitte Grouwels confinent parfois au dogmatisme le plus absurde, pour ne pas dire plus... Ainsi, cette brave dame trouvant que la présence dans l'administration bruxelloise de claviers d'ordinateurs azerty était trop francophone à ses yeux, n'a rien trouvé de mieux que de vouloir exiger le remplacement de ceux-ci par des claviers qwerty, probablement plus "vlaams-conform"... On passe sur le coût que ce changement aurait entraîné, sans améliorer d'un iotta l'efficacité de nos services publics...
Plus récemment, c'est la labelisation de nos taxis bruxellois avec une bannière très "vlaams-conform" jaune/noire qui a provoqué l'ire du secteur. On comprends les taximen : le spoutnik bleu/jaune/blanc payé cher et vilain à la Région, qu'ils portent sur leur toît, permet déjà plus que largement d'identifier sans aucune forme d'erreur possible les taxis à Bruxelles... Cette mesure ne présente donc aucun intérêt réel, si ce n'est un coût à charge des seuls taximen...
On peut aussi citer pêle-mêle quelques déclarations de la Ministre flamande sur l'absolue nécessité de co-gérer la Région Bruxelloise qui ne serait à ses yeux qu'une ville flamande où on peut tolérer les francophones...(La Libre) à condition que la Flandre ait tout à y dire. Autrement dit, aucune reconnaissance de Bruxelles en tant que Région à part entière, Région dont elle est pourtant Ministre ! On croit halluciner, mais la réalité politique belge c'est aussi cela : une Ministre débarquée de son Limbourg natal qui se met à faire la pluie et le beau temps en Région Bruxelloise au seul profit de sa communauté linguistique et en niant dans ses actes et son comportement la légitimité de l'institution qui l'emploie (et qui, via nos impôts bruxellois - tous les bruxellois, l'argent n'ayant ni odeur, ni a fortiori de sexe linguistique, la paie, soit dit en passant...).
Alors il faut se poser la question, et la poser à l'exécutif régional bruxellois : cette "anomalie démocratique" que pose constamment Brigitte Grouwels ("je suis dedans mais je suis en dehors") est-elle encore acceptable ? Non, assurément... Dans le secteur privé, ça s'appelle un C4. Et en politique, ça s'appelle comment... De l'éthique, peut-être ...?

13/06/2011

Happy Birthday, Belgium !

Een jaar, one year, un an déjà... ou seulement ?
Après 365 jours de palabres, gesticulations, nominations royales en "-eur", la boucle est bouclée, et nous entamons allègrement la deuxième année. Dans l'indifférence (quasi) générale de la population, ou plutôt, dans la résignation.
Jamais les lignes de ruptures n'ont été aussi grandes : sur le communautaire, sur le socio-économique, et même, sur certaines lignes "blanches" que notre démocratie n'avait encore jamais osé franchir...: l'amnistie des collabos, la réthorique nauséabonde aux relants raciste de Vic Van Aelst...
Entre un PS bien ancré à gauche sur sa "communauté francophone" et les neo-libéralo-nationalistes de la NV-a bien campés sur leur électorat de Flandre, on ne voit pas très bien comment l'actuel formateur pourra sortir de son chapeau une véritable solution au marasme actuel.
Tout le monde nous dit : "pas d'élections, ça ne changera rien"... mais personne ne doit vraiment être dupe. En démocratie, quand on ne parvient pas à trouver un accord, on repasse devant l'électeur.
Mais nous n'en sommes pas là, pas encore du moins.


S'il est un motif de contentement, au milieu de ce bourbier communautaire, c'est sans doute celui d'avoir vu la cause bruxelloise avancer. A tel point que nos amis de Manifesto, asbl qui a vaillamment défendu la cause bruxelloise depuis 2003 aux côtés de Aula Magna et de la société civile bruxelloise, ont décidé de s'auto-dissoudre, estimant comme l'indique sa présidente Inge Declercq que la "reconnaissance politique du fait régional bruxellois est désormais acquise".
Et il est vrai que de petites phrases assassines ("Bruxelles ne sera jamais une région autonome") en contre-feux francophones ("La région bruxelloise doit être reconnue à part entière"), les choses ont évolué, du moins dans les consciences.


Au fond, qu'est-ce qui semble vraiment acquis ?


1. Le refinancement de la Région Bruxelloise.
Personne au Sud ou au Nord du pays ne conteste désormais qu'il faut refinancer Bruxelles. Les modalités et les montants seront encore lourdement débattus, mais il est certain que la prochaine réforme de l'état devrait, du moins sur le papier, permettre à Bruxelles de trouver de nouveaux financements.


2. Bruxelles comme région à part entière
Les institutions bruxelloises semblent confortées dans leur existence. Certains politiques, comme Vandelanotte ou K-H Lamberts n'hésitant pas à parler de Belgique à 3 (4) régions. Certes, la NV-a et le CD&V se montrent hostiles à toute décommunautarisation de Bruxelles au profit de la Région, mais cette posture pourrait néanmoins se confronter à une réalité toute simple : les quelques milliers de voix néerlandophones de Bruxelles ne pèseront pas lourd si la NV-a obtient par ailleurs ce qu'elle veut pour "son" pays (la Flandre)... Il se murmure que nombreux sont ceux au sein du mouvement nationaliste flamand qui sont prêts à laisser tomber Bruxelles (qui n'est vue que comme une ville "francophone" par la majorité de nos compatriotes de Flandre). L'attitude du CD&V sera donc déterminante.


3. Bruxelles, enjeu central des négociations institutionnelles
C'est désormais certain, Bruxelles est plus que jamais l'enjeu stratégique de la prochaine réforme institutionnelle. La répartition de compétences nouvelles et la responsabilisation des entités fédérées sont pratiquement acquises. Au mois de janvier, c'est déjà sur Bruxelles que Vandelanotte avait dû jeter l'éponge. Il n'y aura donc pas de grande réforme sans que la situation de la Région ne soit éclaircie.


Certes, j'ai ici tendance à voir la bouteille à moitié pleine.
Car on pourrait a contrario se dire que le financement de Bruxelles sera de toutes façons insuffisant, que la Région restera soumise à une tutelle insupportable des deux voisins flamands et wallons et que si on y regarde bien,  la négociation actuelle se fait en l'absence la plus complète de Bruxellois autour de la table (qui a dit "Joëlle Milquet et Laurette Onkelinkx sont Bruxelloises", qui !? ). Qui dans ce contexte pourrait dire que le sort de Bruxelles ne se joue pas actuellement ?

Oui, c'est vrai. Nous sommes à la croisée des chemins et si on n'y prend garde, l'avenir pourrait soudain être très sombre pour les Bruxellois.
  • Si rien n'est fait pour accroître de manière significative la qualité et les moyens de l'enseignement, notamment en construisant de nouvelles écoles et en les dotant de personnel, à Bruxelles, nous connaîtrons dès 2015-2020 une situation catastrophique pour tous les enfants bruxellois (les actuels et ceux qui arrivent).
  • Si rien n'est fait pour gérer de manière efficace les flux migratoires et l'accueil des primo-arrivants, nous heurterons de plein fouet le mur de l'incompréhension et de l'exclusion. Ceci suppose notamment une politique du logement et d'emploi active et efficace.
  • Si la politique de mobilité n'est pas appréhendée de manière rationnelle et concertée (pour ceux qui résident à Neder-over-Hembeek, l'absurdité des travaux du Craetveld est un exemple de l'incohérence administrative entre régions voisines, portée à son comble), nous nous retrouverons assis dans des voitures à l'arrêt le long d'autoroutes urbaines surpeuplées de camions, véhicules et bus.
Plus que jamais, il est donc indispensable d'être vigilant, et de souligner à nouveau l'importance des actes à poser pour sortir de l'actuelle impasse, à savoir la construction du pays sur des bases nouvelles, innovantes, volontaristes et tournées vers l'avenir : un pays basés sur 3 ou 4 régions solidaires et dotées de compétences équivalentes, au sein d'un pays fédéral, au coeur de l'Europe. Pour Bruxelles, c'est la seule porte de sortie réaliste et viable. 

05/04/2011

Le principe d'incompétence de Pe(ee)ter(s) expliqué au bon peuple Bruxellois


PRINCIPE D'INCOMPETENCE DE PETER :
"Dans une organisation, tout individu tend à s'élever hiérarchiquement jusqu'à son niveau d'incompétence, au-delà duquel il stagnera."

Ce principe, enseigné dans les cours de management des écoles de commerce et des universités du monde entier, Kris Peeters vient d'en donner une version fort personnelle à l'usage de la "sous-région" bruxelloise et de ses habitants : 
"Bruxelles ne sera jamais une région à part entière, il faut un statut en dessous de la Flandre et de la Wallonie, une ville-Région. Pas de chèque en blanc pour Bruxelles, quand on vient demander de l’argent aux autres, il faut d’abord mettre de l’ordre dans sa propre maison." Autrement dit, selon K. Peeters, qui parle non seulement au nom du CD&V, mais également au nom de toute la Flandre dont il est le Ministre-Président, les Bruxellois sont une espèce de sous-race, à ce point incompétents dans la gestion de leur région, qui leur faut impérativement une belle-mère (flamande) pour être certains qu'ils se comportent décemment...
Affligeant, arrogant et imbécile, Monsieur Peeters. 
Pas d'autre sentence possible....
Démonstration par l'absurde :
1. La Région Bruxelloise existe depuis 20 ans et est reconnue comme telle à l'article 3 de notre constitution. Aucun élément dans la Constitution ne permet d'ailleurs de considérer qu'elle devrait-être une sous-région comme l'entend le Premier Flamand. La logique communautaire a cependant amené à imposer à Bruxelles une logique institutionnelle d'une complexité inouïe, symbolisée par la CoCof et la VGC.
2. Kris Peeters invoque dans son raisonnement l'impérieuse nécessité de "protéger" la minorité néerlandophone de Bruxelles contre les francophones "colonialistes". On notera au passage qu'il s'abstient d'expliquer par contre comment la minorité francophone de Flandre devrait, dans la même logique, être "défendue"...
Il foule ainsi aux pieds les institutions bruxelloises, dont on rappelera ici qu'elles sont bilingues, qu'elles garantissent totalement la protection de la minorité néerlandophone, suivant d'ailleurs une répartition non démocratique et  exagérement favorable aux quelques 10 % de néerlandophones bruxellois. Ce faisant, il place également les propres mandataires bruxellois flamands (dont Brigitte Grouwels, Ministre régionale CD&V) dans une position qu'on devine indéfendable...).
3. Au nom de quel principe démocratique Monsieur Peeters s'arroge-t-il le droit de venir dire aux Bruxellois ce qu'ils doivent faire chez eux, si ce n'est sous une forme grossière et caricaturale ? Il est prouvé malgré les imperfections et la complexité des institutions bruxelloise, que la Région de Bruxelles-Capitale s'en sort plutôt bien (voir notamment mon post précédent ici) si on la compare notamment aux autres grandes villes (notamment flamandes) du pays... Mais comme le disait Einstein, il est plus facile de désintégrer un atome qu'un préjugé...
Cette immiscion permanente des deux régions, Flandre et Wallonie, dans la réalité Bruxelloise est inadmissible et intolérable pour les Bruxellois.
4. Dans les négociations institutionnelles actuelles, la Flandre ne cesse de réclamer plus d'autonomie et de transferts de compétences pour sa région... mais refuse cette même logique pour la Région Bruxelloise. Contradiction complète dans les termes ! 
5. La Région de Bruxelles-Capitale est visiblement considérée par la Flandre (mais aussi par la Wallonie...) comme une région 'francophone'. Or la réalité sociale, démographique et économique montre clairement que si ce raisonnement était sans doute encore valable en 1989, lorsque la Région a été créée, elle n'est plus du tout valide aujourd'hui : Bruxelles, c'est aujourd'hui une mosaïque de plus de 160 nationalités différentes, une ville cosmopolite et multiple où 40 % des familles n'ont ni le Français ni a fortiori le Néerlandais comme première langue dans la sphère privée familiale...


Charles et ses deux belles-mères...
L'absurdité de la logique communautaire, imposée par la Flandre et la Wallonie a désormais atteint ses limites. Si l'on poursuit dans cette logique, on créera à Bruxelles des sous-nationalités : les soins de santé, l'accès aux crèches, les allocations famailiales, l'accès à l'enseignement seront soumises à un "veto" linguistique absurde et intolérable ! "Si tu ne parles pas néerlandais, tu ne peux pas venir te faire soigner dans mon hôpital", "si tu souhaites que ton enfant apprenne le néerlandais, mais que tu es d'origine turque et que tu es enregistré comme francophone à Bruxelles, tu ne pourras pas le mettre dans une école néerlandophone, subsidiée par la Flandre. Par contre, tu pourras lui faire suivre des cours dans une association culturelle turque... subsidiée elle aussi par la Flandre pourtant !"


Mais au delà de la stigmatisation justifiée de la vision hégémoniste flamande sur Bruxelles, il faut également souligner que, malgré leurs dénégations, les politiciens francophones sont totalement ancrés, eux aussi, à cette logique de co-gestion de Bruxelles, qu'ils dénoncent cependant dans tous les medias !
A cet égard, la création de ce "brol" (oui, ils ont osé !) appelé Fédération Wallonie-Bruxelles n'est ni plus ni moins qu'une annexion de facto de la Région Bruxelloise par la Wallonie ! En ce sens, en tant que Bruxellois, il faut dénoncer cet acte hégémonique et à l'instar de la NV-a, considérer que c'est non seulement une "très grave provocation", mais surtout un acte illégitime : en démocratie, ce sont les citoyens qui décident de leur avenir au travers de leurs élus : qui a consulté la population bruxelloise (ou son parlement) avant de décider d'une telle "annexion" ?
Demotte et Picqué ont beau s'insurger dans toutes les langues et répéter que Bruxelles est une région à part entière (1,2), une fédération Wallonie-Bruxelles ne correspond en aucun cas à cette soi-disant vision. Si la Flandre avait décidé d'une telle "annexion", cela aurait fait un tollé indescriptible... et pourtant la logique est identique ! Bruxelles ne doit pas plus être ancrée à la Wallonie qu'à la Flandre : elle doit être reconnue comme une région identique en droits, à l'instar de ses voisines.


La seule proposition raisonnable et visionnaire, répétée lors du Congrès de Pro Bruxsel qui s'est tenu à Schaerbeek ce dimanche 3 avril, c'est la suppression définitive des Communautés et la refondation de l'état fédéral belge sur 4 régions, chacune dotée des mêmes compétences.
Et si cela ne pouvait se réaliser, les Bruxellois devraient alors s'auto-déterminer et choisir un avenir commun en tant que ville-état européen loin des logiques communautaires qui mènent à l'impasse actuelle...


(1) Ch. Picqué : "Derrière le discours de M. Peeters sur la soi-disant volonté de protection des minorités (flamandes, notamment) se cache en réalité une volonté de domination de Bruxelles aux seules fins de servir les intérêts économiques de la Flandre, sans égards au bien-être des Bruxellois, francophones ou néerlandophones, ce qui revient une fois de plus à la vieille conception utilitariste de la capitale." 
(2) Rudy Demotte"il n’est et ne sera jamais question de prendre part à une quelconque cogestion de l’avenir de Bruxelles et des Bruxellois". Et d’ajouter que les Wallons soutiennent "la pleine reconnaissance" de la Région de Bruxelles-Capitale.

30/01/2011

La logique dangereuse des frères siamois...

Bart de Wever est un grand poète. Il aime se livrer à une passion dévorante, celle des petites citations dans la presse, d'ici ou d'ailleurs. En latin, de préférence... Ou en Anglais aussi, "less is more", par exemple. Ou encore en Allemand : "Belgien, Europas kranker Mann"...
Et il aime les images fortes aussi : ainsi dans sa dernière interview exclusive pour La Libre de ce 29/01/11, il donne sa vision de la situation actuelle, une vision que je qualifierais volontiers d'anatomique...
Bonne nouvelle, Bart de Wever n'est pas pour la scission du pays ! Non, non dit-il, "ça ne marchera pas". Car "la Flandre et la Wallonie sont comme des frères siamois, et leur lien, c'est Bruxelles"...
Pardon ??? Mais Bart, que fais-tu... Dois-je te rappeler ici ce que précisent les statuts de ton parti en leur point 1.1 (1)? Je sais qu'à force de réécrire l'Histoire et de manipuler les médias flamands et ton électorat, les 3/4 de tes électeurs sont convaincus que voter pour la NVa, c'est voter pour un parti néo-libéral avec certes une pointe de régionalisme, mais légère... Récemment, en discutant avec un de tes électeurs, je me suis rendu compte de cela, Bart, ils ne savent pas... Très peu ont lu les statuts de la NVa et la plupart croient même que cette obsession séparatiste serait un épouvantail dressé par les francophones...
Siamois donc, unis par un cordon ténu de chair bruxelloise. Tu le sais, les siamois ont du mal à vivre longtemps, lorsqu'ils partagent des organes en commun et très souvent, on doit se résoudre à une opération délicate de séparation. Au scalpel, comme il se doit. On découpe ainsi le lien qui unit les siamois pour leur redonner une autonomie de fonctionnement et leur permettre de vivre.
Ce que devient le "lien" dans cette histoire est bien entendu moins glorieux... Simple morceau de chair déchirée, il termine sanguignolant dans la poubelle.
C'est donc ainsi que tu vois Bruxelles, Bart... Un simple lien, embêtant, gênant, handicapant pour permettre cette "autonomie" que tu as promis à tes électeurs.
La métaphore "siamoise" est mauvaise, car elle ne fait que polariser la résolution du conflit institutionnel belge sur deux entités, l'une flamande et libéralo-nationaliste, l'autre francophone et socialiste.
Elle est mauvaise car elle sous-entend qu'en découpant correctement le "lien" bruxellois, on obtient au final deux corps distincts, indépendants et autonomes.
Je suggère donc une autre métaphore, celle d'un seul corps, la Belgique, dont le cerveau, l'estomac, les poumons et le coeur fonctionneraient en étroite collaboration pour permettre à ce corps de se développer harmonieusement. Je suis bon prince, Bart, tu peux choisir l'organe de ton choix pour symboliser la Flandre. Mais je dois t'avouer que j'ai une préférence pour les poumons pour Bruxelles. Organe par excellence d'échange avec l'extérieur, comme Bruxelles l'est avec le monde qui nous entoure. Organe vital pour la vie, l'air ne peut se stocker et la respiration est une fonction qui, en se renouvelant en permanence, assure au corps le combustible dont il a besoin pour vivre, comme Bruxelles assure à ses habitants et au pays l'énergie quotidienne due aux milliers d'emplois et d'entreprises qui ont choisi cette ville-région. Organe dédoublé, le poumon droit et le gauche, comme la double culture flamande et francophone qui ont forgé l'identité de cette Région depuis des siècles. Les poumons n'ont pas à se préoccuper de la manière dont le coeur fonctionne, ou le cerveau. Disons que d'une certaine manière, le corps humain est déjà à l'origine, régionalisé. Mais par contre, si ces organes ne fonctionnent pas en bonne concertation, le corps meurt. Peu importe que le coeur lui veuille continuer à battre ou le cerveau à penser, ou l'estomac à digérer.
Cette métaphore me convient bien mieux, car pour moi, l'avenir de la Belgique passe par 1 pays ("le corps belge") et ses 4 régions ("les organes de ce corps")
A propos, ça tombe bien, moi aussi j'aime bien les locutions latines... : A bove ante, ab asino retro, a stulto undique caveto*
* " Prends garde au bœuf par devant, à l'âne par derrière, à l'imbécile par tous les côtés "

(1) De Nieuw-Vlaamse Alliantie (N-VA) is een politieke partij die in Vlaanderen vorm wil geven aan een humanitair nationalisme voor de 21ste eeuw. Als enige ongebonden partij, los van drukkingsgroepen, zuilen of financiële machten, verdedigt de Nieuw-Vlaamse Alliantie het algemeen Vlaams belang. In haar streven naar een beter bestuur en meer democratie kiest de Nieuw-Vlaamse Alliantie logischerwijs voor de onafhankelijke republiek Vlaanderen, lidstaat van een democratische Europese Unie. Het Vlaanderen van de N-VA stelt zich open voor internationale samenwerking en kijkt hiervoor in de eerste plaats naar Nederland.
Het doel van de Nieuw-Vlaamse Alliantie is de verdediging en bevordering van politieke, culturele, sociale en economische belangen van alle Vlamingen. Deze doeleinden kunnen met alle dienstige middelen bereikt worden, o.m. het uitgeven en verspreiden van druksels, tijdschriften, dagbladen; het organiseren van studiedagen, congressen, vergaderingen, filmvoorstellingen en bijeenkomsten van alle aard; het groeperen van individuele sympathisanten; het aankopen of in huur nemen van alle roerende en onroerende goederen, dienstig tot het doel.

24/01/2011

Anti-politique ? Anti-flamand ? Non, citoyen, tout simplement...

Ca y est, la mobilisation prévue ce 23 janvier à l'initiative du mouvement SHAME a bien eu lieu. Et les âmes chagrines qui s'imaginaient, comme ce politologue repris dans La Libre, "qu'un mouvement né sur la toile peine souvent à devenir réel..." en sont pour leur grade... 30, 34, 38, 50.000 ? Qu'importe, c'est une réussite du point de vue de la mobilisation et de l'organisation, sans incident notable à déplorer.Depuis près de deux semaines, on a pu en lire du "papier" dénonçant ce que beaucoup appelaient "un mouvement bêtifiant" (copyright de Jean Quatremer, spécialiste auto-proclâmé de notre pays pour nos voisins hexagonaux). En vrac, leurs considérations tournaient essentiellement autour du thème de l'absence de slogan clair et de l'anti-politisme supposé primaire de ce mouvement : "réclamer un gouvernement immédiat est affligeant, ce qui compte, c'est le projet...", "ce mouvement est anti-politique et donc dangereux, car poujadiste...", "nos politiciens travaillent depuis des mois pour trouver une solution", "cette manifestation ne rassemblera que des nostalgiques francophones de la Belgique de Papa", etc...
Ainsi, fleurissaient ici et là dans les journaux et sur la toile les "10 bonnes raisons de ne pas aller à cette manifestation"...


Tout ces analystes se sont trompés, et lourdement. Car le mouvement naît de l'action, et non l'inverse. Un peu moins d'analyse, et un peu plus de cou....., ça ferait du bien de temps en temps.
Tout d'abord, comme les chiffres le montrent (cfr. sondage Le Soir/Dedicated), il y avait bien "un peu de tout" à cette manifestation : des francophones wallons, des Bruxellois (44 % !), des néerlandophones de Flandre (25 %). Il y avait aussi bien des jeunes étudiants que des familles avec enfants et des retraités. Et oui, c'est vrai, quelques "Belgicains" dans le tas.
Bart de Wever, qui s'est empressé de rappeler que la seule expression du peuple, c'est celle qui ressort des urnes (flamandes uniquement en ce qui te concerne... ne l'oublie pas Bart), et qu'une manifestation qui rassemble 80 % de francophones (sic) et 20 % de flamands (re-sic) montre bien à quel point il est urgent de réformer le pays, a une nouvelle fois montré à quel point il méprise Bruxelles et ses habitants. Car 44% de "Bruxellois" Bart, ce ne sont pas "44 % de francophones". J'y étais à cette manifestation, et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il y avait plutôt beaucoup de néerlandophones, Flamands de Flandre OU Bruxellois de Bruxelles (et oui,  ils sont néerlandophones ET Bruxellois).
Bref, cette manifestation était assez représentative de ceux à qui on ne réserve que le sort des braves : les Bruxellois. Un petit bémol et un regret tout de même : peu de jeunes ou moins jeunes issus, comme moi, de l'immigration, étaient présents. Si vous me lisez, ne l'oubliez pas, ce pays, cette ville, sont aussi les vôtres !
Bruxelles, au centre de tous les enjeux (et du dernier échec de la note Vande Lanotte). Bruxelles à qui personne ne vient demander son avis. Dans les négociations en cours (ou à venir), le sort des Bruxellois est/sera négociés par Di Rupo (Mons), Reynders (Liège), Javaux (Amay) et Milquet (Madame Couloir Wallon de Rhode-St-Genèse). Autrement dit, ceux-là sont prêts à toutes les concessions pour larguer la région bruxelloise et conserver leur pré-carré wallons, d'où ils tirent leur succès électoraux...
Ensuite, ceux qui considèraient que cette démarche "anti-tout" était dangereuse, voire populiste, ont pu voir que les messages, certes idéalistes et certes quelque peu romantiques des organisateurs, n'avaient au contraire aucun relent de "tous pourris". Pour être plus précis et reprendre Philippe Geluck (mais qu'est-ce qu'il pouvait bien faire là celui-là... Il y a bientôt un album du Chat qui sort ?), cette manifestation était au contraire très Politique (notez le P majuscule), dans le sens qu'il redonne au citoyen une certaine parole et le droit de dire "dirigeants de ce pays, il faut à présent se remettre de toute urgence au travail et sortir de cette situation".
Enfin, oui, le "message" pouvait sembler diffus, certes. Mais au-delà de la confusion des genres (comme ces quelques manifestants qui arboraient malencontreusement des slogans anti-flamands et n'ont donc rien compris du tout),  ce mouvement spontané, auto-généré, fruit de la génération web et d'une certaine forme de mondialisation de la prise de parole citoyenne, montre clairement que désormais, ce qui se passe dans les rédactions et les bureaux de partis ne suffit plus à berner le citoyen lambda. La société participative est née... Car ceux qui minimisent la portée de 40 ou 50.000 personnes dans la rue sous-estiment dangereusement toutes celles et ceux qui se sont exprimés et n'étaient pas présents : sur Facebook, sur les forums, sur Twitter,... La portée réelle de ce mouvement touche sans doute 200 ou 300.000 personnes... Le jour où cette population trouvera un moyen de traduire ses sentiments dans les urnes, ce mouvement pèsera de tout son poids...


Ce qui m'amène à conclure en abordant ce qui a certainement manqué à cette manifestation : et maintenant, on fait quoi ? Les solutions, vous les voyez où ? Yves Leterme, s'adressant aux jeunes organisateurs aujourd'hui (La Une - JT) leur faisait remarquer que c'était foutrement compliqué une réforme de l'Etat, mais tellement nécessaire pour tous les citoyens. Et qu'une chose était de dire "nu, stop" et l'autre de répondre à la question "quelles solutions proposez vous ?". Une sortie de crise est possible, si l'affrontement stérile entre Communautés laisse enfin la place à une coopération responsable entre régions. Si le fait régional est acté et reconnu pour toutes les régions, en ce compris la région bruxelloise, et les entités régionales responsabilisées au niveau financier et dotées des moyens réels, dans une Belgique fédérale dont on aura au préalable défini  de ce que ces régions souhaitent faire ensemble : les finances, la justice, la sécu, la défense et la sécurité,... 
Le dernier article d'Alain Maskens, analyse pointue et parfaitement pertinente des actuels blocages, montre la voie, déjà prônée depuis 2009 par ProBruxsel. La solution existe, il faudra le courage et la volonté politique de l'appliquer. Pour Bruxelles, certainement, mais aussi pour l'avenir de ce pays que certains souhaiteraient dépecer sans vergogne. "Eén land, vier regios / Un pays, quatre régions".

09/01/2011

Apocalypse now... ?

Lorsque Stéphane Tassin a publié cette semaine dans la DH une double page blanche en guise d'éditorial, témoignant du ras-le-bol le plus complet du pays, des medias et des citoyens quant à l'enlisement de la crise politique, il a bien traduit ce sentiment  qui commence à poindre tant au Nord qu'au Sud du pays de sentiment de révolte, bien légitime, quant à la médiocrité dans laquelle s'enlisent les pourparlers institutionnels...


Notre classe politique serait-elle la plus bête du monde ? Si on en croit le Washington Post, qui crucifie le 'showman' De Wever dans son dernier article sur notre petit pays en crise, nous n'en sommes en tout cas pas loin du tout... Monsieur De Wever fait le pitre à la télé, nous explique qu'il mange des chips en caleçon devant son écran, et reconnaît sans problèmes les poitrines d'actrices qu'on lui présente dans de "Allerslimste mens ter wereld...". Il est vrai qu'à l'époque, Dehaene nous avait déjà habitué au côté populo du café du coin, en faisant entrer les caméras de la VRT dans sa maison à Vilvoorde, où, une chope à la main, il lançait des "Allei..." et des "Godverdomme..." en assistant au match du FC Brugge dont il est un ardent supporter...
On frise la vulgarité la plus abjecte, travestie sous un supposé jeu de divertissement télévisuel... et visiblement, la Flandre aime ça ! Beste vrienden, het wordt toch tijd om eens wakker te worden... Willen jullie echt aan deze man de toekomst van ons land toevertrouwen ?
Et il est vrai que le citoyen s'y perd complètement. On ne sait plus tellement qui dit "non", ou "oui", ou "oui mais..." ou "on a voulu dire oui, mais vous avez tout faux, on a compris non...". Et d'ailleurs, oui à quoi en fait ?
Pour le moment, le point de blocage essentiel semble bien être Bruxelles. Et deux visions qui s'opposent.
D'une part celle du CD&V et de la NV-a, qui ne voient en Bruxelles qu'une simple ville qu'il faudrait bâillonner, contrôler, co-gérer et à qui on accepterait de donner l'aumône pour qu'elle ne sombre pas définitivement dans la misère. Imbuvable, inacceptable et totalement non-démocratique...
De l'autre, une vision plus dynamique (vraiment...?) où on souhaiterait tout de même doter quelque part Bruxelles des moyens d'une Région à part entière... Ou presque. Disons simplement que la note de Vandelanotte, soutenue par le SP.a, Groen!, Ecolo et plus mollement par le CDh et le PS prévoit par exemple de donner (un peu) plus de pouvoirs au Ministre-Président en matière de police et d'allonger une enveloppe de 372 millions en 2012, essentiellement en matière de mobilité.
Que les Bruxellois ne s'y trompent pas ! Cet argent, promis (mais pas encore versé, s'il l'est un jour) ne servira pas au Bruxellois, mais en très grande partie à faciliter la mobilité des navetteurs (des Flamands et Wallons qui viennent travailler tous les jours à Bruxelles sans contribuer d'un seul euro au financement de ces infrastructures payées par les seuls bruxellois, avec leurs impôts...).
Et la note ne parle pas des transferts de compétences dont la région à vraiment besoin, notamment pour l'enseignement...
Alors, comment sortir de cette situation ? Et bien Bruxelles est le problème et la solution. Et à cet égard, je vous invite à lire la dernière Carte Blanche de Charles Picqué, publiée dans le Soir de ce 8 janvier... Visionnaire et pétrie de bon sens, cette note résume à elle seule ce que ProBruxsel ne cesse de clamer depuis 3 ans : les transferts de compétences doivent être réels et se faire vers une Région Bruxelloise solidaire de ces régions voisines, mais reconnue comme Région à part entière et dotée des moyens financiers nécessaires à son triple statut de capitale du pays, de capitale européenne et de Ville-Région.
Il est d'ailleurs piquant de lire Picqué (jolie allitération, non ?) écrire, par exemple : "il faut éviter de créer des sous-nationalités à Bruxelles " ou encore "Des listes bilingues conforteraient l'identité bruxelloise et l'affirmation d'un destin commun". Des propositions qui ne sont pas sans rappeler celles déjà faites depuis lontemps par ProBruxsel... Que ne les eût-il pas faites plus tôt !
Il convient de se demander si Monsieur Picqué ne se sent pas un tout petit peu mal à l'aise au sein de son parti mono-francophone, dont le moins que l'on puisse dire est qu'on n'a pas beaucoup entendu son Montois de Président défendre ou exposer les idées du camarade Picqué...
Alors, le temps est-il venu de l'Apocalypse ? L'iconographie biblique nous a habitué à considérer que l'avènement de la "nouvelle Jérusalem"  était liée au chiffre 7 (souvenez-vous : les 7 sceaux, les 7 trompettes, les 7 visions du futur,...). Alors, l'Apocalypse selon Saint Bart et les 7 partis ? ;-)
La suite des événements dépend à présent d'Albert II et de son imagination pour nous  trouver une profession se terminant par "... eur" et non encore utilisée, sans quoi, nos poli-toqués nous conduiront à l'abîme, les Bruxellois en tête... A moins qu'eux aussi se mettent à sonner les trompettes ...