16/03/2012

Et maintenant, les journaleux, silence svp...

28 morts. 22 enfants. Un drame national, un deuil national, une tragédie pour des familles endeuillées par l'inconcevable.
Tout le monde se projette dans cette douleur et s'accapare la peine, le chagrin, la colère de ces parents, amis, ...
Mais comme l'a dit Elio di Rupo, il n'y a pas de mots...
Perdre un enfant c'est indicible. Je l'ai vécu...

Et je suis révolté par le battage médiatique sans précédent que la presse fait autour de ce qui, malheureusement, reste un tragique fait divers.
Ces images insoutenables d'un bus déchiqueté projetées en boucle ininterrompue alors que les parents, les frères et soeurs des victimes ne savent encore rien... Ces photos volées et publiées par Het Laatste Nieuws, sans autorisation des familles... Ces éditions spéciales ininterrompues où l'on répète inlassablement qu'on ne sait rien, où un mur de béton dans un tunnel devient soudain le bourreau involontaire d'enfants innocents, où on se demande, sans pouvoir y répondre, comment l'accident est arrivé... Où des spécialistes viennent expliquer comment les enfants survivants vont réagir à ce drame...

Au nom du droit à l'information, nous diront-ils, les "journaleux" de tous bords.
Est-ce vraiment de l'information ?
Lorsque Monsieur Stroobant sur le site du Monde se roule dans la fange en faisant l'amalgame ignoble entre cet accident et l'affaire Dutroux, comme si la Belgique était devenue plus sensible aux événements qui touchent des enfants... Non, Monsieur, ailleurs, en France, en Espagne, ou en Syrie, des enfants sont aussi morts accidentellement ou à cause de la guerre et ces tragédies touchent tout autant les populations là-bas qu'elles ne le font ici.

Est-ce vraiment de l'information ?
Lorsque des journalistes vont sortir de leur maison les parents des victimes de l'accident de car du Patro de Jurbise, en ouvrant sans doute une plaie non cicatrisée pour qu'ils nous disent "on ne s'en remet jamais...".

Est-ce vraiment de l'information ?
Lorsque des caméras font le siège des écoles touchées pour capter à la sauvette des images de parents en détresse, sans  nouvelles, en pleurs ?

Avez-vous pensé, dans votre devoir d'information, Messieurs les "journaleux" à ces familles, touchées, qui sont assaillies d'images que vous leur diffusez ? A ces enfants qui partiront par centaines en classes de mer, classes de neige, classes vertes dans les jours ou les semaines qui viennent en se demandant, la peur au ventre, si leur bus va avoir, lui aussi, un accident ?

J'ai trouvé nos hommes politiques, et singulièrement notre Premier Ministre, à la hauteur des événements : dignes, émus, juste les mots qu'il faut - à part Louis Tobback qui ferait mieux de partir en retraite définitivement -.

J'ai trouvé notre classe journalistique en-dessous de tout : du sensationnalisme au premier degré, des images chocs, du sang et des larmes... Nul doute que ce drame a ému, mais tout le ram-dam médiatique qu'il a entraîné me donne la nausée...

C'est pour cela que maintenant, la seule chose importante, c'est le retour au silence et au calme.
Pour permettre à ces familles de se recueillir dans leur douleur. Pour leur permettre de retourner à l'anonymat.
Pour les protéger de ces caméras qui charcutent leur être...

Ce silence et ce voile pudique, si bien illustré par Kroll ci-dessous...