05/04/2011

Le principe d'incompétence de Pe(ee)ter(s) expliqué au bon peuple Bruxellois


PRINCIPE D'INCOMPETENCE DE PETER :
"Dans une organisation, tout individu tend à s'élever hiérarchiquement jusqu'à son niveau d'incompétence, au-delà duquel il stagnera."

Ce principe, enseigné dans les cours de management des écoles de commerce et des universités du monde entier, Kris Peeters vient d'en donner une version fort personnelle à l'usage de la "sous-région" bruxelloise et de ses habitants : 
"Bruxelles ne sera jamais une région à part entière, il faut un statut en dessous de la Flandre et de la Wallonie, une ville-Région. Pas de chèque en blanc pour Bruxelles, quand on vient demander de l’argent aux autres, il faut d’abord mettre de l’ordre dans sa propre maison." Autrement dit, selon K. Peeters, qui parle non seulement au nom du CD&V, mais également au nom de toute la Flandre dont il est le Ministre-Président, les Bruxellois sont une espèce de sous-race, à ce point incompétents dans la gestion de leur région, qui leur faut impérativement une belle-mère (flamande) pour être certains qu'ils se comportent décemment...
Affligeant, arrogant et imbécile, Monsieur Peeters. 
Pas d'autre sentence possible....
Démonstration par l'absurde :
1. La Région Bruxelloise existe depuis 20 ans et est reconnue comme telle à l'article 3 de notre constitution. Aucun élément dans la Constitution ne permet d'ailleurs de considérer qu'elle devrait-être une sous-région comme l'entend le Premier Flamand. La logique communautaire a cependant amené à imposer à Bruxelles une logique institutionnelle d'une complexité inouïe, symbolisée par la CoCof et la VGC.
2. Kris Peeters invoque dans son raisonnement l'impérieuse nécessité de "protéger" la minorité néerlandophone de Bruxelles contre les francophones "colonialistes". On notera au passage qu'il s'abstient d'expliquer par contre comment la minorité francophone de Flandre devrait, dans la même logique, être "défendue"...
Il foule ainsi aux pieds les institutions bruxelloises, dont on rappelera ici qu'elles sont bilingues, qu'elles garantissent totalement la protection de la minorité néerlandophone, suivant d'ailleurs une répartition non démocratique et  exagérement favorable aux quelques 10 % de néerlandophones bruxellois. Ce faisant, il place également les propres mandataires bruxellois flamands (dont Brigitte Grouwels, Ministre régionale CD&V) dans une position qu'on devine indéfendable...).
3. Au nom de quel principe démocratique Monsieur Peeters s'arroge-t-il le droit de venir dire aux Bruxellois ce qu'ils doivent faire chez eux, si ce n'est sous une forme grossière et caricaturale ? Il est prouvé malgré les imperfections et la complexité des institutions bruxelloise, que la Région de Bruxelles-Capitale s'en sort plutôt bien (voir notamment mon post précédent ici) si on la compare notamment aux autres grandes villes (notamment flamandes) du pays... Mais comme le disait Einstein, il est plus facile de désintégrer un atome qu'un préjugé...
Cette immiscion permanente des deux régions, Flandre et Wallonie, dans la réalité Bruxelloise est inadmissible et intolérable pour les Bruxellois.
4. Dans les négociations institutionnelles actuelles, la Flandre ne cesse de réclamer plus d'autonomie et de transferts de compétences pour sa région... mais refuse cette même logique pour la Région Bruxelloise. Contradiction complète dans les termes ! 
5. La Région de Bruxelles-Capitale est visiblement considérée par la Flandre (mais aussi par la Wallonie...) comme une région 'francophone'. Or la réalité sociale, démographique et économique montre clairement que si ce raisonnement était sans doute encore valable en 1989, lorsque la Région a été créée, elle n'est plus du tout valide aujourd'hui : Bruxelles, c'est aujourd'hui une mosaïque de plus de 160 nationalités différentes, une ville cosmopolite et multiple où 40 % des familles n'ont ni le Français ni a fortiori le Néerlandais comme première langue dans la sphère privée familiale...


Charles et ses deux belles-mères...
L'absurdité de la logique communautaire, imposée par la Flandre et la Wallonie a désormais atteint ses limites. Si l'on poursuit dans cette logique, on créera à Bruxelles des sous-nationalités : les soins de santé, l'accès aux crèches, les allocations famailiales, l'accès à l'enseignement seront soumises à un "veto" linguistique absurde et intolérable ! "Si tu ne parles pas néerlandais, tu ne peux pas venir te faire soigner dans mon hôpital", "si tu souhaites que ton enfant apprenne le néerlandais, mais que tu es d'origine turque et que tu es enregistré comme francophone à Bruxelles, tu ne pourras pas le mettre dans une école néerlandophone, subsidiée par la Flandre. Par contre, tu pourras lui faire suivre des cours dans une association culturelle turque... subsidiée elle aussi par la Flandre pourtant !"


Mais au delà de la stigmatisation justifiée de la vision hégémoniste flamande sur Bruxelles, il faut également souligner que, malgré leurs dénégations, les politiciens francophones sont totalement ancrés, eux aussi, à cette logique de co-gestion de Bruxelles, qu'ils dénoncent cependant dans tous les medias !
A cet égard, la création de ce "brol" (oui, ils ont osé !) appelé Fédération Wallonie-Bruxelles n'est ni plus ni moins qu'une annexion de facto de la Région Bruxelloise par la Wallonie ! En ce sens, en tant que Bruxellois, il faut dénoncer cet acte hégémonique et à l'instar de la NV-a, considérer que c'est non seulement une "très grave provocation", mais surtout un acte illégitime : en démocratie, ce sont les citoyens qui décident de leur avenir au travers de leurs élus : qui a consulté la population bruxelloise (ou son parlement) avant de décider d'une telle "annexion" ?
Demotte et Picqué ont beau s'insurger dans toutes les langues et répéter que Bruxelles est une région à part entière (1,2), une fédération Wallonie-Bruxelles ne correspond en aucun cas à cette soi-disant vision. Si la Flandre avait décidé d'une telle "annexion", cela aurait fait un tollé indescriptible... et pourtant la logique est identique ! Bruxelles ne doit pas plus être ancrée à la Wallonie qu'à la Flandre : elle doit être reconnue comme une région identique en droits, à l'instar de ses voisines.


La seule proposition raisonnable et visionnaire, répétée lors du Congrès de Pro Bruxsel qui s'est tenu à Schaerbeek ce dimanche 3 avril, c'est la suppression définitive des Communautés et la refondation de l'état fédéral belge sur 4 régions, chacune dotée des mêmes compétences.
Et si cela ne pouvait se réaliser, les Bruxellois devraient alors s'auto-déterminer et choisir un avenir commun en tant que ville-état européen loin des logiques communautaires qui mènent à l'impasse actuelle...


(1) Ch. Picqué : "Derrière le discours de M. Peeters sur la soi-disant volonté de protection des minorités (flamandes, notamment) se cache en réalité une volonté de domination de Bruxelles aux seules fins de servir les intérêts économiques de la Flandre, sans égards au bien-être des Bruxellois, francophones ou néerlandophones, ce qui revient une fois de plus à la vieille conception utilitariste de la capitale." 
(2) Rudy Demotte"il n’est et ne sera jamais question de prendre part à une quelconque cogestion de l’avenir de Bruxelles et des Bruxellois". Et d’ajouter que les Wallons soutiennent "la pleine reconnaissance" de la Région de Bruxelles-Capitale.

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